Cette année, dans le monde
Rappelons-nous, dès les premiers jours de 2015, le monde a été profondément choqué par l’attentat terroriste contre la publication satyrique française Charlie Hebdo. Véritable attaque sans précédent contre la liberté de la presse et la démocratie, l’attentat a fait 17 morts et 20 blessés, des journalistes pour la plupart. Le plan Vigipirate a atteint dans la région parisienne son plus haut niveau d’alerte et l’opération antiterroriste déclenchée par la suite a conduit à la mort des trois djihadistes impliqués. « On n’a pas peur» — ont crié quelques jours plus tard les millions de personnes rassemblées aussi bien à Paris que dans les principales villes de France et même du monde pour participer à des marches de solidarité avec les victimes tuées par les terroristes. Une fois de plus, l’Europe entière s’est mobilisée pour défendre ses valeurs fondamentales allant du droit à la vie et jusqu’au droit à la liberté de la presse.
Corina Cristea, 26.12.2015, 13:00
Pays francophone et francophile et partenaire privilégié de la France, la Roumanie a été représentée à Paris par le chef de l’Etat, Klaus Iohannis, qui a rendu hommage aux victimes des attentats dans une cérémonie qui a réuni les principaux chefs d’Etats et de gouvernements du monde. A l’époque, le directeur du Service roumain de Renseignements, George Maior, affirmait dans une interview que de tels attentats se répéteront en Europe. « Les services secrets européens sont prêts à élever le niveau d’alerte terroriste, mais ils ne peuvent pas garantir de la sécurité absolue, puisqu’elle n’existe pas. »
Une prévision qui allait malheureusement se confirmer dix mois plus tard quand Paris fut une fois de plus durement frappé par le terrorisme. Dans la nuit du vendredi 13 novembre, 130 personnes ont été tuées et 350 autres blessées dans une nouvelle vague d’attentats terroristes dirigés contre la salle de concerts du Bataclan, le Stade de France et plusieurs terrasses et restaurants. En moins de trois heures, un commando djihadiste a placé tout un pays dans une nouvelle ère sécuritaire. Les attentats qui ont frappé Paris ont généré dans le monde entier une puissante onde de choc dont les effets sont toujours présents.
Les attentats, dans lesquels ont été impliqués aussi des jeunes musulmans nés et éduqués en France, ont été revendiqués par l’Etat Islamique, qui, selon la Trésorerie des Etats-Unis, est devenu en quelques années seulement la structure terroriste la plus riche de l’histoire : elle fait du trafic d’antiquités et d’êtres humains et demande des rançons de centaines de milliers ou de millions de dollars pour libérer des otages. Elle reçoit également d’importantes donations de la part de personnalités influentes du monde arabe. Pourtant, les plus grandes sommes d’argent proviennent de la vente sur le marché noir de produits pétroliers, qui rapporterait quelque 40 millions de dollars par mois à l’Etat Islamique.
Lancés sur la toile de fond du plus grand flux migratoire d’Europe depuis la deuxième guerre mondiale, les attentats ont influencé l’attitude aussi bien de la population que des décideurs européens, car on soupçonne que des adeptes de l’Etat Islamique s’infiltrent parmi les migrants. A mesure que la guerre civile s’intensifie en Syrie, où le groupement djihadiste Etat Islamique a conquis de vastes territoires qu’il a ajoutés à ceux qu’il contrôle en Irak pour former un « califat », la vague de réfugiés est devenue un véritable exode. Environ un million de personnes ont quitté leurs pays d’origine, fuyant les zones de conflit ou la pauvreté, se dirigeant essentiellement vers l’Allemagne.
Des voix ont affirmé que la vague de migrants qui a touché les pays développés du Vieux continent avait été encouragée par la décision de certains dirigeants européens de détendre leur politique en matière d’immigration extra-communautaire. Ceux-ci espéraient ainsi résoudre le problème du manque de main d’œuvre dans leurs pays. La situation a suscité des divisions profondes entre les gouvernements occidentaux et certains gouvernements d’Europe orientale, ainsi qu’au sein des sociétés des Etats communautaires.
En invoquant l’argument de la « solidarité » européenne, malgré les objections exprimées par certains Etats de l’UE, il a été décidé de redistribuer quelque 160 mille migrants les deux prochaines années par le mécanisme des quotas obligatoires. Il a également été décidé de créer de centres d’accueil en Grèce et en Italie, où les réfugiés fuyant les zones de conflit soient enregistrés séparément des migrants économiques. Ces derniers doivent être rapatriés, alors que les réfugiés dont la demande d’asile est justifiée peuvent être redistribués.
Par ailleurs, dans sa tentative de faire obstacle à la vague de réfugiés qui déferle sur l’Europe, après de longues négociations, fin novembre, l’UE a signé avec la Turquie un accord par lequel celle-ci s’engage à prendre des mesures pour arrêter le passage des migrants sur son territoire. Le bloc communautaire offrira en échange à Ankara une aide économique dont la valeur initiale se monte à 3 milliards d’euros destinés aux réfugiés se trouvant en Turquie, des Syriens pour la plupart. L’UE a également accepté de débloquer le processus d’adhésion de la Turquie et celui de la libéralisation du régime des visas pour les ressortissants turcs. Entre temps, les Etats-Unis et la Russie ont intensifié leurs opérations en Syrie, déchirée depuis plus de 4 ans par une guerre civile qui a fait de nombreuses victimes et où l’Etat Islamique a consolidé ses positions. (trad.: Ioana Stăncescu, Dominique)