Un espace d'intérêt stratégique pour les circuits économiques, mais aussi un avant-poste de l'OTAN et de l'UE.
La région élargie de la mer Noire tend à devenir un espace d'intérêt stratégique pour les circuits économiques, mais aussi un avant-poste de l'OTAN et de l'UE. Tout cela dans les conditions où les sources d'insécurité se sont diversifiées dernièrement. Elles sont liées à des phénomènes tels le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et des technologies afférentes, des matières fusionnables, des matériaux chimiques et biologiques, le trafic d'armes et de drogues, la traite d'être humains, la migration clandestine. C'est sur cette toile de fond que l'amplification de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, tout comme la compétition accrue pour les ressources énergétiques et les voies de transport ont ramené l'attention des organismes européens et euro-atlantiques sur la région de la mer Noire. En posant comme prémisse la valeur d'axe stratégique de cette zone, l'Institut Hudson des Etats-Unis et un institut roumain de recherches spécialisées ont récemment organisé une conférence ciblée sur les tensions émergentes dans cette région, considérées sous l'angle de la sécurité militaire et énergétique.
La correspondante de Radio Roumanie à Washington, Doina Saiciuc, résume les caractéristiques géopolitiques de la région, telles qu'elles ont été mises en relief durant la réunion mentionnée : « Au fil de l'histoire, la mer Noire a été et continue d'être un axe stratégique. C'est là que, de nos jours, la Russie, qui a annexé la Crimée, appuie les rebelles séparatistes du sud-est de l'Ukraine. Et c'est toujours la Russie qui prête de l'assistance militaire et politique aux régions séparatistes de Transnistrie, en Moldova, et d'Abkhazie en Géorgie, et c'est elle qui renforce sa flotte militaire en mer Noire et dont les avions harcèlent les navires de guerre américains. Trois pays membres de l'OTAN et riverains de la mer Noire, à savoir la Roumanie, la Bulgarie et la Turquie doivent faire face à l'extension de la présence militaire russe dans la zone. »
Laurenţiu Pachiu, représentant d'un groupe de réflexion pour la politique énergétique, a parlé de la sécurité à la mer Noire dans le contexte où, depuis l'annexion de la Crimée, la Roumanie et la Fédération de Russie ont une frontière maritime commune. Voici ce qu'il affirmait : « Du point de vue de la sécurité énergétique, le continent européen est confronté à trois types de menaces. D'abord les menaces classiques, aggravées par le terrorisme, les armes de destruction massive, les conflits régionaux, les échecs en matière de gouvernance à proximité de l'Europe, le crime organisé. Viennent ensuite le changement climatique et les menaces liées à la cybersécurité. Chacun des pays membres de l'UE a sa politique énergétique. Certains d'entre eux comptent sur le charbon, d'autres sur l'énergie nucléaire. Enfin, il y a des pays qui doivent importer beaucoup de gaz ».
Un défi majeur relevant de la sécurité énergétique consiste en ce que la plupart des pays de l'UE dépendent d'un seul fournisseur de gaz, à savoir la Russie. Les défis qui se posent devant les pays de la région, dont la sécurité énergétique et la cybersécurité, la guerre de l'information et la militarisation de la mer Noire, ont été au cœur des débats menés par les experts en relations internationales et les diplomates ayant participé au « Black Sea and Balkans Security Forum - 2017 », accueilli par Constanţa, ville-port du sud-est de la Roumanie.
Voici ce que déclarait l'ambassadeur Sorin Ducaru, secrétaire général adjoint de l'OTAN : « Au niveau de l'Alliance, nous sommes confrontés au contexte sécuritaire le plus complexe. Il y a en fait un mélange de menaces de type conventionnel, classique, qui découlent de la raison d'être de l'OTAN, et de menaces nouvelles, non-conventionnelles ou émergentes, contre la sécurité internationale et contre celle de l'Alliance. Et là je me réfère au terrorisme, aux cyberattaques, aux différentes formes hybrides de menaces ou encore à la manipulation informationnelle. »
En ce qui concerne les mesures censées contrecarrer ces menaces, Sorin Ducaru a souligné que l'approche de l'Alliance nord-atlantique comporte deux volets : « L'un de ces volets vise la défense du territoire allié et des pays membres, donc la défense collective. L'autre consiste à projeter la stabilité au-delà des frontières de l'Alliance, à renforcer les capacités de défense, notamment contre le terrorisme, à offrir les moyens permettant une réponse efficace à ces menaces. »
La Roumanie estime que les Balkans occidentaux et la mer Noire doivent être traités ensemble lorsqu'il d'agit des menaces contre la sécurité régionale. (Trad. Mariana Tudose)
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